Communication dans le cadre de la journée d’étude « Health & Care Technologies », Costech et BMBI, Université de Technologie de Compiègne
Résumé
« Everything that has transpired has done so according to my design » [« Tout se passe à présent comme je l’avais prévu »], s’exclame l’empereur Palpatine, alias Dark Sidious, dans l’épisode VI de la saga Star Wars (1983). Partant de ce sens anglais du mot design – « ruse » ou « perfidie » –, le théoricien des médias Vilém Flusser en vient, au début des années 1990, à se demander si « l’industrie du design renferme une éthique ». Dès lors, comment comprendre certaines injonctions récentes du champ francophone, où le mot design est pourtant chargé d’autres traditions, à aller vers un design dit « éthique » (« Ethics by design ») ? À une époque où les « poussées techniques » (Pierre-Damien Huyghe) rendent possible le « design du vivant » par des procédés artificiels (bio-impression, biologie synthétique, CRISPR CAS9, etc.), qu’apporte une telle idée par rapport au fait que toute l’histoire du design, depuis les premières révolutions industrielles (William Morris), est traversée de tensions entre l’économie de marché et la recherche de dimensions échappant à la rentabilité et à l’utilité (Victor Papanek) ? Ne risque-t-on pas alors – lost in translation – de limiter le « design du vivant » à une conception fermée : un intelligent design en place d’un design « non perfide » cherchant toujours sa place quant à la bioéthique ?