Anthony Masure, «Subjectivités computationnelles et consciences appareillées», Multitudes, no62, avril 2016, p.87-96
Résumé
Cet article revient sur la notion de «subjectivité computationnelle» formulée par David M. Berry visant à développer une approche critique des technologies numériques. Afin de comprendre les implications philosophiques d’un tel rapprochement entre «subjectivation» et «computation», nous reviendrons tout d’abord, via Leibniz et Hannah Arendt, sur l’émergence des sciences modernes qui visent à faire du «sujet» classique une entité calculante. Nous verrons ensuite comment les sciences «comportementales» ont influencé la conception des ordinateurs en substituant à la raison humaine des modélisations rationnelles déléguées à des machines. Pour sortir de l’impasse d’une déshumanisation annoncée dès la fin des années 1970 par des auteurs comme Ivan Illich ou Gilles Deleuze, nous envisagerons enfin la «subjectivation» comme un processus qui ne nécessite pas qu’il y ait sujet. Le concept d’« appareil», tel que le propose Pierre-Damien Huyghe à propos de la photographie et du cinéma, peut ainsi être étendu aux machines computationnelles pour penser de possibles «consciences appareillées».
Conférence au colloque international «L’art tout contre la machine», Paris, Collège des Bernardins
Résumé
L’histoire du design est traversée de tensions entre l’économie de marché et la recherche de dimensions échappant à la rentabilité et à l’utilité. Deux voies possibles s’ouvrent au designer: ignorer les mutations techniques et se laisser conduire par elles, ou y prendre part et avérer ces «poussées techniques» (Pierre-Damien Huyghe) dans des directions qui lui sembleront soutenables. Comment penser un rapport à la machine qui ne soit pas seulement de l’ordre du «par» ou du «contre», mais qui invite à «avec »?