Journée d’étude « Sonder les dispositifs numériques. Pratiques archéologiques en art et en design »
Université Jean Monnet, Saint-Étienne, laboratoires CIEREC & LLA-CRÉATIS
L’archéologie est une étude des sols et des terrains, dans ce que leurs couches superposées recèlent de pré-histoire et de post-histoire. En nous appuyant sur des recherches personnelles menées dans les archives du théoricien des médias Vilém Flusser, nous montrerons en quoi ses travaux sur les « appareils » (version dystopique des « dispositifs » du philosophe Giorgio Agamben), à plus de quarante ans d’écart, concernent plus que jamais l’époque contemporaine où l’idée d’un assujettissement des subjectivités par des programmes fait presque figure de banalité. Que peut encore nous dire Flusser, lui qui avait entrevu, peut-être comme nul autre, les séismes que l’irruption des codes numériques allait provoquer ? Comment vivre dans un monde de plus en plus programmé ?
→ Continuer à explorer des couches historiques et techniques pour éclairer la situation contemporaine et contrecarrer les injonctions à l’innovation
→ Envie de travailler en archives
En étudiant des pratiques de design graphique concomitantes à l’émergence de l’informatique personnelle au début des années 1980, et en les mettant en relation avec des démarches de création contemporaines, ce projet propose d’examiner différentes façons de travailler avec l’invisible de la matière numérique. Tandis que le design est confronté depuis une dizaine d’années à une montée en puissance de procédés algorithmiques visant à automatiser la conception d’objets, quels enseignements pouvons-nous tirer de démarches pionnières pour éclairer le présent ? Alors que le numérique n’a affaire qu’à des contenus calculés, comment le design graphique peut-il contribuer à rendre intelligibles des opérations techniques intangibles ?
« En mai 1975, Flusser s’installe à La Tour d’Aigues en Provence. Dans une lettre datée du 17 décembre 1975, Flusser s’excuse par avance de son ‹ français zoulou › qu’il apprend depuis peu. Dans les années 1976-1977, il donne des cours de théorie de la communication à l'école d’architecture de Marseille-Luminy. Il achète une maison dans le village de Robion (Provence-Alpes-Côte d’Azur) en 1980, y fait des travaux, et s’y installe début 1981. »
« Les robots peuvent honorer notre père et notre mère à notre place. Ils peuvent le faire mieux que nous, avec plus de précision, d’efficacité et de pertinence. Tout comportement est théoriquement mécanisable : pensées, sentiments, et mêmes les inspirations les plus transcendantes. Si difficulté il y a, elle n’est que pratique. »
→ L’« appareil » chez Vilém Flusser
(Auschwitz, l’URSS, Le photomaton, le supermarché, etc.)
→ Les « dispositifs » chez Giorgio Agamben
(le langage, les stylos, le téléphone, etc.)
→ Pré-histoire (avant le langage)
→ Histoire (enchaînement de fait, texte linéaire)
→ Post-histoire (pseudo-écriture des « programmes »,
crise de la religion ET de la science)
→ Archéologie (« sonder des couches »)
→ De quels « écrits » de Flusser parle-t-on ?
→ Après Flusser, développement du champ de l’« archéologie des médias » (relations avec Friedrich Kittler notamment, notion de « média technique »)
→ Contrairement à ce que disait Flusser, art et design ne s’opposent pas dans leurs rapports à la technique !
→ La question est moins de savoir « ce que nous avons appris de nouveau » que d’examiner ce que nous avons fait, ou n’avons pas fait, ou pourrions faire
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Présentation conçue avec Reveal.js, MIT License
Crédits typo : IBM Plex, Mike Abbink / Bold Monday, 2018
Image de début : Stochaster, Justin Bihan, 2018
Image de fin : Ed Sommer, portrait de Vilém Flusser, 1988-1989