Le design au risque de l’archive

2008-2014

Thèse de doctorat

2015-

Revue Back Office

2014-2016

Archive en ligne Collecta

Contexte

Mise en ligne de la collection de l’antiquaire
François-Roger de Gaignières (1642-1715)

Projet Synergie héSam, dirigé par Sophie Fétro (Paris 1)
et Anne Ritz-Guilbert (École du Louvre)

Problématique du projet

« Donner à voir la structure classificatoire et, par extension, son usage, pour que chaque pièce – original ou copie, texte ou image – puisse retrouver son contexte documentaire chargé des choix et des desseins du collectionneur. »

2015-2017

Essai Design et humanités numériques

Problématique de l’essai

• En quoi les environnements numériques contemporains actualisent-ils les modes de production et de transmission des savoirs ?
• Quelle est la place des designers dans des projets relevant des sciences humaines et sociales ?

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Le « lieu » de l’archive

« Arkhè, rappelons-nous, nomme à la fois le commencement et le commandement. […] Ce ‹ lieu › de l’archive depuis lequel des hommes commandent à d’autres, quel est-il, où est-il ? »

— Jacques Derrida, Mal d’archive, 1995

« À même ce qui permet et conditionne l’archivation, nous ne trouverons jamais rien d’autre que ce qui […] menace de destruction, introduisant a priori l’oubli et l’archiviolithique au cœur du monument. L’archive travaille toujours et a priori contre elle-même. »

— Jacques Derrida, Mal d’archive

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Formes de l’archive

« ‹ Sauver › (save) un texte indemne, de façon dure et durable, pour mettre des marques à l’abri de l’effacement, afin d’assurer ainsi salut et indemnité, de stocker, d’accumuler et, ce qui est à la fois la même chose et autre chose, de rendre ainsi la phrase disponible à l’impression et à la réimpression, à la reproduction. »

— Jacques Derrida, Mal d’archive

« Archive a toujours été un gage, et comme tout gage, un gage d’avenir. Plus trivialement : on ne vit plus de la même façon ce qui ne s’archive plus de la même façon. Le sens archivable se laisse aussi et d’avance co-déterminer par la structure archivante. Il commence à l’imprimante. »

— Jacques Derrida, Mal d’archive

Paradoxes de l’archive

Travailler la forme de l’archive menace sa stabilité, mais ne pas le faire condamne ses ouvertures potentielles.

L’archive au risque du design

• Incarner d’autres modalités d’accès à la connaissance
• Anticiper la possibilité d’extensions dans un système classificatoire
• Faire paraître à la conscience quelque chose de l’époque

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Enjeux épistémologiques

« S’il ressort bien du domaine des humanités numériques de s’interroger sur ce que le numérique change aux pratiques de recherche des sciences humaines et sociales, celui-ci donne aussi, en retour, une capacité particulière aux chercheurs d’interroger les conséquences pas toujours désirées de l’explosion des usages du numérique. »

— Pierre Mounier

« On serait beaucoup plus rassuré, dans notre métier, si le numérique ne concernait que la mise en place d’outils. […] Or, les méthodes informatiques s’imposent non pas comme des outils, mais comme des sortes de sur-sciences, de sur-disciplines, capables de reconfigurer complètement notre métier. »

— Antonio Casilli

Enjeux épistémologiques

• Prise de distance avec la notion d’« outil »
• Non pas faire rentrer un processus numérique d’archivage dans d’anciennes catégories de pensée, mais se demander ce que transforment ces nouveaux modes d’archivage et d’« écriture sans écriture » (Kenneth Goldsmith)

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Renouveller l’archive

« ReSource permet à tous les acteurs d’un projet de constituer une véritable archive vivante, collaborative, structurée mais aussi respectueuse de leur volonté et du caractère original de leur démarche. »

— Document de présentation des journées d’études à la Villa Arson

Mobilités de l’archive

• Toute opération de traduction (ou même de création) suppose un écart quant à un supposé « original »
• Une œuvre d’art ne se tient jamais tout à fait dans la volonté de ses acteurs mais est prise dans un réseau d’agencements humains et non-humains
• Différence entre « archiver » et « documenter »
  (notion de « design de documents » à approfondir)

« C’est en termes de transfert et de traduction qu’il y a lieu que nous pensions […]. Comment faire passer un code d’affichage d’un système d’information à un autre, comment varier les formats d’une même source, comment agencer un même ensemble d’informations dans des lieux ou des dispositifs divers ? »

— Pierre-Damien Huyghe, 2009

Hypothèses de travail

• Travailler la structure archivante ne laisse jamais indemne les matériaux archivés
• Parvenir à penser sans la notion d’original (surtout en « milieux » numériques)
• Appareiller l’archive, l’ouvrir au dehors et à de nouveaux commencements

Questions / Polémiques

• Que recouvre la promesse d’une « sémantique » universelle, surtout appliquée au champ artistique ? Sortir de l’opposition entre quantitatif et qualitatif ?
• Jusqu’où une vision « agnostique » de la forme est-elle tenable ? Quid, par exemple, des relations entre les interfaces de saisie et la capacité à projeter ?
• L’interdisciplinarité est partout invoquée, mais où sont (entre autres) les historiens d’art et les designers « dans » l’ingénierie des données ?
• Rendre « accessible », « ouvrir », mais comment et pour qui ? Comment faire face aux prérecquis techniques ?